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Voici quelques exemples de machines à travers trois robots célèbres dans différents domaines d’application tels que médical, domestique ou scientifique.
1) Caspar : l’assistant du chirurgiens
Capable de découper des œufs sans rompre la membrane qui tapisse leur coquille ! Caspar, pour Computer assisted surgical planning and robotics, est un robot très habile et précis au dixième de millimètre près.
Caspar sait préparer une opération de chirurgie orthopédique. Grâce à son logiciel propriétaire Proton, qui tourne sur une machine dédiée, il récupère toutes les images concernant la hanche ou le genou d’un patient. Pour l’heure, ce sont ses deux premières applications ! Il compile les informations et fournit au praticien différentes vues de la partie à opérer : coupes longitudinales, transversales ou sagittales.
Sur son ordinateur, le chirurgien teste alors différentes prothèses. Il peut passer d’une vue à une autre rien qu’en déplaçant le curseur. Les images lui fournissent aussi une idée de la densité de l’os. Ce qui lui permet de décider s’il doit encore creuser ou mettre en place une prothèse plus fine.
Une fois son choix arrêté sur un modèle et une position, le chirurgien clique sur le bouton d’enregistrement du logiciel. Toutes les données sont transmises à une carte que le praticien va insérer dans une autre station, celle qui contrôle le robot. C’est alors que le bras aux six articulations de Caspar (pour être aussi agile qu’une main) entre en action. Les données transmises par l’ordinateur, qui le guide, vont permettre au robot de repérer la zone à opérer. Muni d’une fraise, d’un foret ou d’une scie oscillante, selon le choix du praticien, il va préparer le lit de la prothèse. Finis les râpes, même motorisées, ou le marteau et le burin avec lesquels les praticiens actuels ont débuté leur carrière.
2) Aibo : le toutou fidèle
L'animal domestique du siècle prochain a de quoi faire fantasmer . Il réagis à toutes sortes de stimuli, visuels, sonores, tactiles ou même cinétiques : recueillies par plusieurs détecteurs sensoriels disposés dans les pattes, sur la tête et le long du corps, une caméra cachée sous le museau, un infrarouge qui mesure les distances, un détecteur de mouvement giratoire et un autre d'accélération. Les différentes données de l'environnement extérieur sont traitées par l'unité centrale et transformées en des réactions aléatoires en temps réel. En outre, un logiciel module le comportement du robot en fonction du dressage qu'on lui inculque, sur la base de la réprobation ou de la satisfaction exprimée par le maître. Aibo, qui a dans sa tête et son ventre l'équivalent en composants électroniques d'un PC, est censé évoluer et exprimer des émotions. Afin d'en augmenter les possibilités ludiques, on peut "customiser" sur PC les barrettes mémoires d'Aibo pour le doter de nouveaux mouvements que l'on élabore et teste à partir d'une image du toutou en 3D, ou bien pour modifier les sons (ou les chansons, pourquoi pas ) que l'on souhaite l'entendre japper, à l'aide de simples fichiers wave. Une télécommande permet aussi de lui donner des instructions. Puis, quand sa batterie est vide, Aibo retourne de lui même à sa station de rechargement.
Aibo signifie rien moins que " Artificial Intelligence Robot ".
3) Microbes : les robots scientifiques
Son concepteur (Alexis Drogoul) ne croit pas à l'intelligence isolée, celle qui émerge de la seule complexité d'un système, fût-ce le cerveau humain. Pour ce jeune chercheur en informatique, toute intelligence est sociale, produit des relations qu'entretient un individu avec son milieu. D'où l'idée du programme Microbes, qu'il mène depuis le laboratoire d'informatique de Paris-VI (LIP6). Un projet qui consiste à laisser déambuler dans les couloirs du laboratoire une dizaine de microrobots autonomes, de ne leur assigner aucune tâche et de convoquer ensuite quelques sociologues et anthropologues pour noter comment chacun s'est adapté à la situation, robots comme êtres humains.
Passionnant ; mais, à voir la tête des cobayes, on se demande où ces autos tamponneuses au regard de cyclope peuvent bien cacher ne serait-ce qu'un embryon d'intelligence. En fait, les robots « microbes » sont truffés de capteurs. Leurs pare-chocs, par exemple, leur permettent de réagir aux collisions en entamant une marche arrière. Les huit médaillons qui décorent leurs flancs sont des sonars. Avec eux, les robots fonctionnent comme des chauves- souris, en émettant des ultrasons, déduisant la distance les séparant de l'obstacle. Petit à petit, les robots construisent ainsi une carte des lieux. Et, lorsqu'ils sont désorientés, la caméra qui les surmonte les aide à se repérer.
Mais tout cela ne servirait à rien si les robots n'étaient dotés de l'équivalent d'un cerveau. A l'intérieur de leur carcasse rouge, un microcontrôleur centralise les informations et les transmet à un ordinateur communicant, équipé d'un modem radio. Le programme, développé sous Linux, comprend à la fois le système de navigation du robot (la cartographie et la localisation) et son modèle de comportement, c'est-à- dire l'architecture de contrôle qui associe à une information une attitude. Ce dernier est en cours de définition par les chercheurs du LIP6.
Avec ces outils, les robots devront apprendre à résoudre leurs conflits et à développer des synergies. Des bornes de recharge vont être disposées dans les couloirs pour leur permettre de faire le plein d'énergie. Mais tous ne pourront les utiliser en même temps, il faudra définir un ordre. Différents critères s'offrent aux chercheurs : la distance parcourue par chaque robot ou le total d'êtres humains rencontrés dans la journée, par exemple. Les « microbes », qui échangeront des données sous une forme proche du courrier électronique, seront alors libres de définir leur propre stratégie pour être le leader.
A quoi servira cette expérience ? Alexis Drogoul a déjà imaginé des robots-guides, comme celui qui est développé pour la visite des musées par l'université Carnegie Mellon, aux Etats-Unis. Avec un appendice supplémentaire pour le son, ces robots pourraient aussi lire les agendas partagés des chercheurs et venir les chercher en réunion pour les prévenir d'un rendez-vous. Mais, le plus innovant, il en est persuadé, viendra des observations des chercheurs qui auront cohabité avec les « microbes ». A terme, les robots coopératifs pourraient trouver leur place dans la maison en offrant leur mobilité aux objets qui en sont dépourvus, ou, de manière plus inattendue, en transférant leur structure sociale minimale aux appareils connectés pour leur permettre de mieux gérer les ressources et de s'entraider.
Suite : Réalité ou science fiction |
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